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Contingences...la revue

20 octobre 2008

Dans la nuit

Toujours cette nécessité d'expliquer mes rêves à lignes hautes... En sourdine, d'une tension écrite, guidé par le doute, j'ébauche donc une réponse floue, abstraite qui en ultime instance restera hélas incomplète. Cela me prend à intervalles réguliers, le plus souvent en pleine nuit. Il y a une raison à cela. J'avoue ne pas la connaître. L'obscurité lit-on serait un terreau propice à la lumière. C'est une sagesse ordinaire qui le galvaude. Je ne suis ni sage ni enclin au populaire. Je simplifie les choses. Je tente de les organiser, de les ordonner d'une forme un peu plus accessible, un tantinet compréhensible. Cela aidera ou pas à mieux comprendre. J'y renonce parfois en ce qui me concerne. Après tout pourquoi faudrait-il tout comprendre et expliquer. Pourquoi ne pas accepter les choses telles qu'elles viennent? Pour ne pas sacrifier à une animalité latente? Pour vaincre l'égoïsme? Je préfère vivre les évènements ainsi qu'ils se présentent. Si cela me simplifie la vie, cela la complique aussi. Les certitudes comme les doutes prennent un relief inespéré. Ils gagnent en profondeur mais aussi en secret. Le fait de tout accepter sans trop se poser de questions rend envisageable une foule de petits détails qui sinon passeraient inadmissibles ou inaperçus. Et ce n'est pas plus mal ainsi...

Je me pose face à des vérités ( une seule d'entre elles déjà serait suffisante pour engloutir toutes les autres), face à des considérations qui ne me tortureraient pas de la sorte si j'étais agrégé de lettres ou charpentier ( je n'ai rien contre les uns ou les autres, bien au contraire, autant le préciser ). Etant l'un ou l'autre je me livrerais de mes tourment actuel sans m'épargner les travers d'une nouvelle condition. Car nous avons tous une obligation à satisfaire, un mode opératoire à respecter. C'est cela me semble t'il qu'évoquait Sartre lorsqu'il croquait son garçon de café. Sans doute aurais-je pu faire un bon professeur de civilisation latine ou un excellent maître de conférences en sciences de la complexité. Je me devine assez pour m'en savoir capable. Tout est une question d'opiniatreté. Il faut de la persistance et de l'application dans tout. J'ai connu ainsi des illétrés montrant un savoir encyclopédique. Ils ne connaissaient rien de l'alphabet et pourtant m'auraient volontiers récité sans se tromper les vingt quatre générations de leur arbre généalogique. J'avoue n'avoir jamais enduré que les dix premières...

J'ai même rencontré des culs de jattes qui jouaient de la viole de gambe! Mais quel est le rapport, me demanderez vous. Il n'en existe aucun si ce n'est que ces malheureux seront parvenus à dépasser leur handicap, à s'extirper de leur fatalité et à faire guincher des assemblées entières lorsque eux mêmes tenaient à peine sur une jambe.

Je n'ai bien entendu pas la prétention d'affimer que je parviendrai à coup sûr en persistant dans la voie que je me suis choisi, c'est à dire celle d'écrire. Je n'en ai pas la certitude. J'aligne à peine trois mots correctement. Tout juste en ai-je le pressentiment. On parle d'intuition...

Mais je crois avoir une disposition naturelle, un penchant à vouloir bien faire les choses, à aller du simple au plus compliqué ou vers ce qui paraît l'être et vice versa. Les circonstances qui me remuent au millieu de la nuit n'ayant pas le relief précis de mes délires diurnes, je suppose que c'est bien cela qui m'anime quelque soit l'heure tardive. C'est une fois de plus encore une supposition...

Pour dire la vérite cette idée d'êtr emû par une force irresistible m'est en réalité insupportable quand elle suppose un ensemble de force sur lesquelles je n'aurais aucune influence tel un nez disgracieux ou une mèche rebelle. Mais c'est la seule qui me vienne à l'esprit pour évoquer une tendance innée s'affinant avec le temps et ses tourments

A bien considérer je pense être efficace dans l'action comme dans l'inertie la plus complète. Si je me sens capable d'abbattre deux lignes en moins d'une heure, je peux de même triompher d'un soupir entre deux hoquets de satisfaction. Mais est-ce possible? Qu'en est-il de se convaincre de ne rien être, d'admettre la pièce déjà jouée, de se dire en scène, les inévitables coulisses étant elles mêmes des interludes, de petites facéties, des planches pourries et branlantes, des scènes burlesques de maigres boulevards, farces à tromper l' ennui, apparences offertes aux autres – sans doute un gage de volonté à vouloir rassurer, à leur déclarer par quelques détours “vous existez je le sais puisque vous en témoigner à me lire” - tribut à notre vanité de l'instant?

Se coiffe t'on de la casquette de l'inutilité, du rien? Ou n'est-ce qu'une autre illusion?

Joue t'on à l'incapable, se persuade t'on du rien vers lequel on tend comme d'autres évangélisent des rues entières avec conviction, avec détermination et un brin de paranoïa?

Est-il pensable de ne penser à rien? De se persuader d'en être capable?

La réponse ne me parait pas évidente. Elle ne vaut d'ailleurs rien si je la pose en prenant à témoin. Car j'en entends rire sous cape. Jouer au parfait imbécile, au raté, au bon à rien ( un bon à rien c'est assez flatteur en fin de compte! ), à l'illuminé cherchant le salut et la rémission de son inutilité dans des lignes approximatives, c'est finalement assez sympathique. C'est aussi terrible et triste. C'est aussi terriblement triste. C'est assumer un rôle ( un de plus, un de moins, quelle importance ) et ne pas penser à la trame de la pièce, à la profondeur de l'histoire. Un rôle de trop en quelque sorte?

Ecrire est inutile et cela est à la fois indispensable. Lire des poèmes sur les parois vitrés d'une ville reconstruite. Souhaiter toute la paix du monde aux murs de synagogues1 déchues. Plonger dans un café crème; en ressortir les légendes du Golem, les prophéties d'Ezéquiel et les plans circonstanciés d'une base extraterrestre à califourchon sur de petits canapés au saumon fumé du Café Louvres, à Prague, cela aussi est tout à fait superflu...

C'est tout inutile. C'est tout parasité. C'est de la fumisterie.

Mais cela fait tourner le reste et cela n'a pas de prix. Alors je ne pense à rien, je ne sers à rien, j'abdique devant le quotidien et j'envoie le reste du monde se faire foutre.

Voila pourquoi je vais et je viens.

Je me contente de ma table, de mon traitement de texte, de ma salle d'écriture plongée dans l'obscurité. Je me contente d'écrire. Je me satisfais de cela comme si tout le reste dépendait seulement de cette terrible illusion. Cela ne sert à pas grand chose et ne résoud pas l'intendance, la terrible intendance !

Sur le moment malgré tout, cela me donne une bonne trique et un sacré sentiment de liberté...

xaba

1 “Paix et réussite aux proches et au lointains”, sur les murs de cette synagogue praguoise

RETROUVEZ XABA sur http://www.contingences.org

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19 octobre 2008

Retour

Vingt ans! Vingt ans de ma putain de vie à courir comme un con! Après quoi ?

Après quoi en fin de compte? Après l'insouciance, la facilité, la tranquillité. Paradoxalement.Parce que je n’ai jamais rien su espérer d'autre chose. Puisque quand on ne sait pas quoi faire de ses dix doigts et qu’on en a peu dans le crâne, on écoute les boniments.

Et on signe, en bas, à droite. Et ça dure dix piges, minimum. Ici ou là, chez nous, ou ailleurs. On t’apprends à nettoyer, à investir, à faire sauter des ponts. Et toi tu obéis. Parce que t’es dans une grande famille. Parce que le gus qui crie “Halte-au-feu!” et qui a des barrettes sur la poitrine le martèle à longueur de journée: “On est pas là pour le tourisme!...Réveillez-vous...on fait de l’ HU-MA-NI-TAIRE...reçu ?"

Vingt ans que je me goinfre de la poussière et de la mitraille. Finalement pour quoi?

Pour descendre d'un avion, un dimanche gris de septembre, avec une patte folle, dans une petite charrette que je peux à peine déplacer seul. Avec un œil aussi. Mais un œil seulement. L’Autre est resté, là-bas.Avec des souvenirs terribles. Avec des bribes d'existences brûlées, pillées, décapitées, violées. Avec des instantanés de barbarie. Avec ce goût en bouche et souvent cette envie de vomir.

Et puis avant de sortir de l'aéroport supporter la fouille, les questions, les soupcons de fonctionnaires. "Y'a quoi dans ce sac?"

"Dans ce sac, Bleue Bite, y'a toute mon existence. Y'a "À la vie à la mort"! Y'a mon meilleur pote. Et il a eu plus de chance que toi. Fais pas chier!"

Paru sur Fulgures.com en Janvier 2006

Retrouvez aussi Xaba sur CONTINGENCES

14 octobre 2008

Les Contingences... nouvelles

A bien y réfléchir, cette histoire de Troisième Cercle est-elle à prendre au sérieux ? C’est pourquoi la décision de le créer a été prise avec la plus extrême gravité. Il faut comprendre notamment que ce n’est pas une fin de se réunir avec soi même ou avec les autres mais que cela devient un tremplin, une porte sur l’infini, une occasion de se situer, de se ramasser , de se recroqueviller presque en position fœtale pour alors exploser, rebondir, briller d’un feu intérieur qui vraisemblablement n’aurait le même luxe s’il ne brûlait d’une combustion particulière...

Le Cercle est idéal. Il n’est pas important de la rappeler. C’est une évidence admise et reconnue. Mais nous sommes résolument contre les évidences. Le Cercle est naturel. Il nous dépasse. Nous ne pouvons rien contre lui. Mais nous devons et pouvons poser notre attention à chaque instant sur lui, faire de telle manière qu’il ne soit plus simplement une forme qui nous intègre, nous absorbe et nous digère. Notre capacité à porter un regard différent sur ce cercle est justement ce qui nous sauve. Nous serions dans le cas contraire des bovins ou des manches de pioches gonflables. Or nous l’envisageons non plus comme une simple forme, une simple réunion mais telle une option de perfection (bien que nous n’y croyons pas plus qu’aux évidences), une possibilité qui nous est finalement donnée d’aborder l’idéal selon une perpective plus humaine, qui nous échappe moins qu’elle nous transcende. C’est en quelque sorte l’émergence d’un second cercle que nous consacrons alors. Il serait hasardeux d’en rester là : à vouloir bien faire les choses, à vouloir imiter l’immédiat ou le naturel, on n’en livre parfois qu’une pâle copie. A trop rationaliser on perd la richesse et la valeur du spontané.

L’accès à un Troisième Cercle se fait alors naturellement. Le Troisième Cercle n’a pas de membres, n’a pas d’accès, ni de portes , ni de fenêtres. On n’y pénètre pas. On n’y est pas invité parce qu’on aurait été publié par tel ou tel. C’est qu’en effet le Troisième Cercle n’existe pas. Matériellement il est ici et là, c’est-à-dire nulle part et partout à la fois. Mentalement il ne s ‘envisage pas puisque sinon on ne pourrait jamais bien n’en envisager que les niveaux inférieurs. On est ou on n’est pas dans le Troisième Cercle. C’est une question de praxis, de conscience, de culpabilité aussi.

Mais on ne sait jamais très bien si nous composons le Troisième Cercle ou si c’est lui qui nous modèle.

xaba

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